La beauté du geste lent : redonner du sens à l’objet
Créer des objets à la main, aujourd’hui, peut sembler un peu têtu. Un peu fou, aussi. Dans un monde où tout va vite, où l’on consomme à toute allure, l’idée même de s’arrêter pour dessiner, peindre, coudre, prendre le temps… paraît presque anachronique. Et pourtant, c’est dans cette lenteur assumée que se cache la richesse de mon travail.
En créant Hélicrys Atelier, en 2022, j’ai fait le choix de la création artisanale, pour me reconnecter au geste de fabrication. Ce geste qui ancre, qui apaise, qui relie. Le dessin d’un pétale, le trait d’un bec d’hirondelle, les couleurs choisies pour évoquer un souvenir — chaque détail est une manière de dire quelque chose, sans bruit, sans cris. Un langage doux et poétique.
Mes créations ne se veulent pas œuvres d’art. Elles ne cherchent pas à impressionner.
Ce sont des objets du quotidien empreints de tendresse : un chouchou peint à la main que l’on glisse dans ses cheveux en pensant à l’été, un foulard qu’on noue autour du cou ou du poignet comme un porte-bonheur. Des grigris de bonne humeur, légers mais sincères, dans lesquels s’envelopper, comme on s’enroule dans un souvenir heureux.
Ce chemin-là, je l’ai choisi consciemment, même s’il va à contre-courant. Il est personnel, mais aussi profondément tourné vers les autres. Car ce que je cherche à transmettre, au fond, c’est une forme de lien. Entre moi et vous. Entre la nature et la matière. Entre les saisons et les émotions. Entre ce qui est fabriqué lentement, avec le cœur, et ce qui est reçu avec bienveillance.
Redonner du sens à l’objet, c’est refuser l’indifférence. C’est croire encore à la beauté discrète d’une création pensée, imaginée, façonnée avec patience. C’est croire que, même à petite échelle, on peut semer un peu de poésie dans le quotidien.
Et si ce geste lent, presque invisible, était en réalité un acte de résistance douce ?
